Championnat de France de Trial 2022 : vent de mécontentement …

Un vent de mécontentement a plané dimanche dernier à St SAVOURNIN, lors de l’ultime étape du Championnat de France de Trial 2021, car, sauf retour en arrière dont nous n’aurions pas été informés, la FFM a prévu de supprimer la catégorie EXPERT pour l’édition 2022.

À la constatation de ce que furent les catégories ÉLITE & EPERT cette année, cela peut s’entendre … même s’il existe d’autres catégories, bien moins pourvues en pilotes et qui, semble-t-il, ne seraient pas supprimées l’an prochain.

Si vous ôtez les deux pilotes Espagnols, Jeroni FAJARDO & Arnau FARRE qui ont pris part au Championnat de France de Trial 2021 dans la catégorie ÉLITE, il ne reste que : Benoit BINCAZ, Alex FERRER, Téo COLAIRO et Hugo DUFRESE. 

Dans l’analyse qui suit, on ne va pas prendre en compte les problèmes de blessures et l’Affaire Allassac.

Pour les pilotes de la catégorie EXPERT, les frères ROVERY (Arthur & Rémi) et les frères CORNA (Romain & Rémy) ont participé à l’ensemble du Championnat de France 2021. Théo LAIRIS lui n’a participé qu’à 3 manches : il voulait s’inscrire en S1 afin de rouler avec son compère, Fabien MENARD, mais on l’a incité à aller en EXPERT afin d’atteindre le quota de 5 pilotes classés, nombre nécessaire pour valider un titre de Champion de France, parait-il. Enfin sur la dernière manche, à St SAVOURNIN Gaël CHATAGNO a brillamment rejoint cette catégorie, puisqu’il s’est imposé, portant le nombre de participants à 6.

Parlons maintenant des pieds posés par ces pilotes lors des cinq étapes du Championnat de France 2021.

  • St Mamet : 4 pilotes au départ => moyenne de 14 pieds.
  • Quinssaines : 4 pilotes au départ => moyenne de 55 pieds posés.
  • Allassac : 5 pilotes au départ => moyenne de … 108 pieds posés.
  • Goudargues : 5 pilotes au départ => moyenne de 96 pieds posés.
  • St Savournin : 6 pilotes au départ => moyenne de 47 pieds posés; 

La moyenne générale est de 64 pieds sur 30 zones, soit un peu plus de 2 pieds par zone.

Quand on prend comme référence un trial comme Allassac, qui fut un trial avec beaucoup de dénivelé, du gros, et un temps humide, et qu’on arrive à une moyenne de 108 pieds par pilote, on comprend tout à fait que les pilotes EXPERT rechignent à “monter” en ÉLITE !!

Bref, où est la vérité dans tout cela ?

Eh bien la vérité elle est très triste pour notre sport. En effet, quand chez nos amis européens en Italie, Angleterre ou Espagne, on constate que leur catégorie la plus relevée (TR1 en Espagne et en Italie et TRIAL GB en Angleterre)  sont bien mieux loties que notre championnat de France, ce qui se passe en France signe l’échec cuisant de la FFM en ce qui concerne la filière de haut niveau du trial Français.

D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement (?) quand un sport qui se veut briller au plus haut niveau n’a pas de “Manager Général” (qu’on appelait Entraîneur National dans le passé), à temps complet qui, comme c’était le cas  avant, veillait au développement du haut niveau.

Le second échec encore plus fort c’est celui du manque de trialistes !

En effet, dans tous les sports, à quelques rares exceptions près, il faut une masse importante à la base, pour qu’au fur et à mesure que la pyramide du niveau sportif monte, arrivé en haut, le nombre soit toujours suffisant.

Ce n’est pas le cas dans le trial ! Il y a trop eu de pratiquants et le nombre fait donc défaut au fur et à mesure que l’on monte dans la pyramide du haut niveau.

Pourtant la FFM campe sur ses certitudes, comme le prouve les réponses que son Président, M. Sébastien POIRIER nous avait faites, lors d’une interview écrite qui avait suivi un entretien téléphonique (interview mise en ligne en Juillet 2021).

Voici la question 1 de cette interview et la réponse de Sébastien POIRIER :

  1. On constate que l’âge des trialistes va plutôt en augmentant, par manque de nouveau jeunes pratiquants. Nous sommes nombreux à penser qu’il faudrait mettre en oeuvre une véritable politique et action fédérale afin de sensibiliser davantage de jeunes au trial, pour ensuite détecter les talents potentiels. 

Que pourrait proposer la FFM afin d’aller dans ce sens ?

Sébastien Poirier :

« Je ne partage pas votre constat de vieillissement des pratiquants Trial, nos statistiques récentes indiquent sur 2019, 2020 et 2021 un âge moyen stable des licenciés Trial et une baisse de l’âge moyen sur les participants au Championnat de France de Trial. 

 Pour rappel, la Commission de Trial FFM a mis en place depuis plusieurs années les rencontres éducatives, spécifiquement tournées vers les plus jeunes, ainsi que des animations découvertes mini-motos destinées aux 6-10 ans sur chaque épreuve de championnat de France de Trial.

J’appelle votre attention sur le fait que parmi les écoles actuellement labellisées Ecole Française de Moto, une très grande proportion d’entre elles proposent du Trial.

 Ainsi que j’ai eu l’occasion de le souligner auprès de vous, un des axes de travail majeur de la mandature 2020-2024 entamée en octobre dernier concerne les jeunes et le développement de leur accès au sport moto à toutes les disciplines, bien évidemment, dont le trial.

Dans ce cadre, un important travail est actuellement mené sur la refonte de la labellisation des structures éducatives et des écoles moto dans l’objectif de permettre au plus grand nombre d’accéder à des structures spécifiquement destinées à les accueillir. Des moyens de communication à travers un site web spécialement dédié seront déployés. »

Voici également notre seconde question et sa réponse :

  1. « Autrefois » il y avait un Entraineur National à plein temps : Thierry MICHAUD. Lorsque celui-ci a rejoint les rangs de la FIM, il a été remplacé par un mi-temps (Christophe BRUAND) ce qui déjà était dommageable à notre sport car un mi-temps ne peut pas faire ce qu’un plein temps peut. Depuis il n’y a pas de véritable Entraineur National, dont la mission serait d’aider, accompagner, favoriser la progression nos jeunes pilotes etc. Pourquoi ce qui était possible autrefois ne l’est-il plus ? Et le Président va-t-il agir afin que le trial dispose enfin à nouveau d’un Entraineur National, QUALIFIÉ, et à plein temps ?

Sébastien Poirier :

« L’investissement fédéral sur le Haut Niveau est toujours identique.

La Filière Trial est actuellement dans une phase de restructuration et nous pourrons en dire plus dans le courant de l’année 2021. »

Bon, on n’est pas encore fin 2021 mais pas loin et on attend toujours !

Il est clair que ce n’est pas en faisant de l’auto-satisfaction, comme le fait la FFM qu’on fera avancer notre sport. D’ailleurs, lors de la réunion de nos pilotes ÉLITE avec François COURBOULEIX et Sébastien POIRIER, suite à l’Affaire Allassac, nos pilotes ont mis en avant cette carence de notre sport et on leur aurait dit que cela allait bouger … Mais quand ?

Au final, supprimer une catégorie pour tenter d’en remplir une autre ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Le trial Français a réellement besoin de se réinventer, de monter en puissance au niveau des meilleurs car sinon la belle médaille d’argent de nos pilotes au Trial Des Nations 2021, risque bien d’être la dernière avant bien longtemps !

Peut-être faut-il changer quelques règles, comme celle par exemple obligeant à avoir 5 pilotes dans une catégorie pour décerner un titre de Champion de France. Pourquoi pas le descendre à trois, et SURTOUT travailler à faire venir plus de jeunes au trial, à les encadrer bien mieux avec un vrai Manager Trial, chercher la perfection et la progression, plutôt que de proposer à des pilotes de se prendre la moto sur la tête toute une saison sous prétexte qu’on n’a pas été capable de voir plus loin que le bout de son nez et qu’on se contente de l’existant plutôt que de viser le meilleur !

Le chantier est immense, et seule la FFM possède la clef d’entrée, mais son attitude ne change pas vraiment au fil des années et on en arrive où nous en sommes … à imaginer déshabiller Paul pour habille Pierre … avouez qu’on est en droit d’en attendre bien davantage de la part d’une fédération nationale !!