Propos d’un trialiste : la gueule de bois des trialistes Français …

Dans notre rubrique Propos d’un Trialiste, nous vous proposons aujourd’hui ceux de Bernard JEAN qui revient sur l’affaire de l’Équipe de France féminine lors du Trial Des Nations de la fin de semaine dernière.

La gueule de bois des trialistes français
 
Lundi matin de lendemain de Trial des Nations. Ce matin, c’est toute la France trialiste qui doit avoir la bonne gueule de bois. Le TDN s’est déroulé hier et tous les amoureux de ce sport, et encore plus les licenciés de la Fédération Française de Moto, ne doivent pas se réjouir. Pourquoi ?
 
Car l’équipe féminine française n’était pas présente et qu’aucun communiqué officiel n’est encore parvenu des instances à ma connaissance. Une honte absolue. Une honte car :
– nos licences servent en partie à payer les déplacements de nos équipes nationales. Il conviendrait donc de nous informer très clairement des décisions qui ont été prises et de leur fondement. D’autant que de nombreux frais (déplacement, tenues, casques?, etc.) ont du dans tous les cas être engagés par la fédération.
– sans une communication de Karine Monnier qui a été relayée par Planète Trial rien n’aurait filtré envers le grand public et la seule véritable information transmise l’a été à l’annonce des équipes (la France ne se trouvant pas dans la liste féminine). Trouvez-vous ça normal qu’une instance ne prévient même pas officiellement ce qu’il en est de cette équipe féminine?
– en 2022 et à l’heure de la quête d’égalité ne pas avoir d’équipe féminine représentée peut s’avérer à un scandale, d’autant plus quand les représentantes sélectionnées étaient de vraies pilotes qui se sont illustrées à l’échelle mondiale et européenne toute l’année.
– dans une carrière sportive la sélection à un TDN et le fait de rouler ensuite constitue une étape importante pour la représentativité de son pays et de son sport, surtout quand ces personnes sont les meilleures représentantes nationales à l’échelle internationale cette année. Une belle façon de leur afficher leur soutien !
 
La fédération avait peut-être de bonnes raisons d’évincer l’équipe féminine du TDN mais il conviendrait dans ce cas de communiquer très rapidement et très clairement sur l’affaire. À vous qui me lisez, faites vite car pour l’instant ce qui ressort de cette histoire c’est :
– un excès de zèle d’entraîneurs fédéraux à l’égo surdimensionné qui ont essayé d’abuser de leur pouvoir de décision et peut-être d’une certaine démonstration de masculanité,
– une décision qui si elle a été prise plus haute reste incompréhensible : comment est-il possible d’en arriver à une décision aussi drastique? Quel est le contenu du rapport transmis ?,
– un manque total de discernement d’une sanction par rapport aux fautes commises : un footballeur est sanctionné quand il sort la veille d’un match [exemple Bayo à Lille], rarement quand c’est un lundi soir en fin de saison,
– de fortes interrogations sur les dénonciateurs (délateurs?) au petit matin et à priori l’absence de solidarité de l’équipe masculine (sans refuser de prendre le départ, un communiqué ou une pensée partagée aurait pu être apprécié?),
– l’absence totale de prise en compte d’un contexte historique chargé en la matière : comme le rappelait très bien Bruno Camozzi dans son excellent article, l’équipe masculine, souvent accompagnée des entraîneurs mis en cause, a de tout temps fait des fêtes, parfois dantesque, la veille d’épreuves importantes et parfois même de TDN. Pourquoi jamais ces hommes n’ont été inquiétés et leur participation à une épreuve remise en cause?
 
Notre sport va mal et chaque jour qui passe certaines personnes continuent de l’enfoncer. Alors oui les hommes ont représenté la France et la FFM a communiqué avec des visuels associés. Ils finissent à une honorable 4ème, malgré tout assez loin d’une équipe britannique qui ne semblait pas imbatable. Mais quelle légitimité pour la FFM de voir des vidéos uniquement d’hommes ? En réalité ça s’avère assez pathétique sur l’image dégagée en cette fin de saison. En passant une pensée à Jitsie dont l’image est souvent portée par Benoit Dagnicourt (cité dans l’affaire) et encore plus Naomie Monnier.
 
Espérons juste que ça permette de poser les bases d’une reconstruction… qui désormais s’avère absolument nécessaire.
 
Bernard Jean
 
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